« Que pas une de nos actions ne soit pure de la colère » (Aden Arabie, 1931)

Revue ADEN

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Marcel PARENT
(adhérent au G.I.E.N. depuis 2005)

" Je me souviens... " : Ou plutôt je ne me souviens pas. Nizan fait partie de mon patrimoine génétique culturel. Je le connais depuis toujours. Par mon père. Ils avaient le même âge. Ils étaient de la même génération communiste. Ils avaient surtout ce point commun d'avoir refusé le pacte germano-soviétique et d'avoir rompu avec le Parti communiste. Mon père quelque trois semaines avant Nizan. Mais peu importe. J'ai d'abord connu Nizan, avant même d'en avoir lu une ligne, par son refus du pacte germano-soviétique.
Dans la bibliothèque paternelle, à côté de L'Histoire socialiste de la Révolution française de Jean Jaurès, des Misérables de Victor Hugo, de Germinal de Zola, d'ouvrages de Barbusse et aussi de Fils du Peuple , il y avait Antoine Bloyé . J'y découvrais que, de la terre à l'usine et de l'usine à l'Université, les Parent et les Nizan avaient suivi des chemins parallèles et sans doute subi les mêmes lois du déterminisme. Ceci créait des liens. On était du même monde. Le Cheval de Troie me replongeait dans le milieu ouvrier et populaire dont j'étais issu.
Mon éducation politique s'est faite dans la dissidence et, en classe de 1 ère en 1950, au grand étonnement de mon professeur de lettres – car à ce moment-là Nizan était complètement tombé dans l'oubli -, dans une dissertation sur la littérature engagée, je faisais moins référence à Sartre ou Camus qu'à Nizan, Koestler et Victor Serge.
Les personnages de La Conspiration m'étaient très proches, familiers de mon monde intérieur, comme pouvaient l'être Julien Sorel ou Fabrice Del Dongo, à un degré moindre Rastignac ou Lucien de Rubempré, mais aussi Bardamu ou Antoine Roquentin.
Je n'ai lu Aden Arabie que plus tard. Trop tard pour que sa première phrase me marquât. Il est vrai que je n'appartiens pas à la génération de ceux qui ont découvert Nizan par ce livre et la préface de Sartre.

" Nizan.... Aujourd'hui ! " : Je me réjouis que, enfin, justice lui soit rendue, qu'il ait re(?)trouvé toute sa place dans l'histoire et dans le monde des lettres, que de nombreuses études mettent en valeur l'actualité de sa pensée, car, dans le monde de libéralisme débridé et de capitalisme sauvage que nous vivons, nous avons besoin de sa lucidité, de sa rigueur sans faille et de son intelligence.

[Marcel Parent, né en 1932 au Palais-sur-Vienne (87), agrégé de Lettres Modernes, a exercé les fonctions de Proviseur, Inspecteur pédagogique régional et Inspecteur général de l'Education nationale. Sorte de Chien de Garde en somme. Mais il s'en amuse. Il a écrit des romans et des essais, largement axés sur la mémoire des années trente.
Ses trois derniers ouvrages parus sont : Butte rouge, histoire d'une piscine (2003), Camarade, Camille, militant communiste limousin (2005), Georges Guingouin, les écrits et les actes (2006), édités au Temps des Cerises. Doit paraître en novembre 2006, Paulhan citoyen , aux Editions Gallimard]